lundi 26 janvier 2009

Soirée slam du 19/12/08 - Professeur V -

La démision

Je ne comptais pas parler de ça, mais une scène slam, c’est aussi une tribu d’expression, où l’on peut se livrer à tombeau ouvert. Eh bien c’est ce que je vais faire aujourd’hui. Je viens de prendre la décision la plus importante de ma vie. Je vais quitter l’Ecole d’Interprètes (de Mons), après dix ans de longs et loyaux services. Figurez-vous que, selon mon directeur, mon niveau de français laisserait à souhaiter…

Il m’a provoqué dans son bureau, cet ours mal séché et, fier comme Dartagnan, il m’a dit : « Professeur V, les étudiants se plaignent de votre français, qu’ils jugent approximatif. Tâchez de vous ressaisir ou je n’aurai d’autre choix que de me passer de vos services!»

Mais moi, je ne m’en suis pas laissé tomber. Je lui ai dit, tout de gros : « Qu’est-ce que c’est que ce mascara ? Vous voulez me tirer les orteils ? C’est votre doigt. C’est vrai, il m’arrive parfois d’être à côté de la flaque, comme tout un sapin, Mais ça n’est pas une raison pour monter dans vos grands cheveux! »

Ca, ça l’a fait sortir de ses tongues : mes fresques risquent soi-disant de débrayer la chronique. Or Monsieur ne voudrait pas que, par ma cause, l’école fasse la une des gros titres.

Franchement, je ne sais pas ce qui a mis le feu aux poules. Je fais figure de proue au département d’espagnol. Alors pourquoi soudain jeter son démoli sur moi ? J’en perds mon lapin...

En tout cas, ça m’apprendra à être plus royaliste que le pape ! J’ai toujours abattu un travail de tyran, travaillé d’accroche-pied et préparé mes cours dans les règles du lard ! Seulement, je ne suis pas un mouton de pâture, je fais parfois cavalier tout seul ! Et ça, ça ne lui plaît pas à cette grenouille de pied nickelé… Mais jamais je n’accepterai de vivre sous sa mérule !

Tout bien réfléchi, c’est sûrement un coup monté de toutes parts. Je ne suis pas un bleu de la veille, vous savez, et j’ai un œil de sphinx. Je voyais bien qu’il y avait endive sous cloche, qu’il me cherchait des toises ces derniers temps. C’est vieux comme Jérusalem, son Carthagène. Il veut embaumer quelqu’un d’autre à ma place, alors il veut me faire lâcher la prise. Brrr ! Ça me donne des frictions dans le dos…

Mais la revanche est un plat qui se mange droit et j’ai un matou dans mon manche : je peux prouver par A plus Z que depuis des années, Monsieur voyage auprès de la princesse, en toute irrégularité. L’école lui paie tous ses déplacements privés, rugby sur l’ombre. Evidemment, il prend des vols Kärcher. Il est trop malin pour voyager en première place. Ca se verrait comme le T au milieu du vitrage. Il voulait ma peau ? C’est lui qui finira sur l’escabeau. Oui, la tête sur le billard !

L’ironie du sport, c’est que je comptais de toute façon tirer ma référence. Vous n’êtes pas sans ignorer que comme poète, j’ai la glotte. J’ai le flan en croûte et je ne compte pas m’arrêter en si bon train. J’me jette à flot : je deviens slameur à tremplin ! De toute façon, prof et slameur, c’est baudet blanc et blanc baudet. Dans les deux cas, on est sous les yeux de la vampe. Mais le slam, c’est plus vaporisant parce qu’on peut regagner sa place sous une tonnelle d’applaudissements…

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