lundi 18 juin 2007

Ter repetito (record battu!)

Et encore quelques rimes acerbes...

CE QUI M'EMBETE VRAIMENT


j'ai émergé d'entre les craquelures du béton
comme la mauvaise graine qui pousse là où personne ne l'attend
j'ai apprivoisé les remous urbains
d'un mouvement de la main
pour en faire le même calme apaisant
qui berce doucement la surface d'un étang

les doutes infestent mon présent
que mon passé gangrène de son indécence
doutes aux ramifications incessantes
incrustés dans mon cortex
aux fondations branlantes
c'est sans mouvement
que mes humeurs sont perpétuellement changeantes

j'ai des voyages plein la tête
des paysages par rafales de tempêtes
mais j'ai le cul rivé à ma chaise
greffé à une réalité dans laquelle je m'empêtre
j'ai les jambes lourdes de bitume crasseux
alors que mon horizon désiré se pavane devant d'autres yeux

j'ai dix cahiers de rimes
qui tapissent le fond de mes tiroirs
comme on cache l'arme du crime
mes textes racontent toujours la même chose
stigmates de mon être pathétique en vers et en prose
10 000 fois le même sujet dans ces carnets
& l'absence de sens dans ces heures de réflexion,
en encre dispersées
mes feuilles volantes n'ont de volantes que le nom
car ma réalité étalée les rive à l'obscurité de ma dépression
poésie de caniveau,
elle ruisselle dans mes canalisations embourbées de poison
j'ai toujours revêtu cette mélancolie
aussi loin que s'en souvienne mon embryon
j'ai grandi, appris le respect obligé du père
la contrainte du sang, le sens du devoir et la pitié
donc quand j'ai des vacances,
j'donne du temps à ce prof d'université exilé en cité
mais franchement, le poids des gênes me gène
m'empêche d'être ardoise vierge
un peu comme des milliers de petites mains qui me retiennent

ça choque
ça surprend d'entendre mes mots à l'acide
parce que ma poésie de caniveau
c'est peu d'amour, beaucoup de haîne
mes joies, mais surtout mes peines
j'éjacule mes vérités amères d'aversion
& mes vers puants & puérils incrustent tes vêtements
pour ensuite empester chaque recoin de ta maison
comme ce tapis moisi que se disputent
les résidus de sueur, de pisse et de gerbe
ce soir, je te donne mes rimes acerbes

j'décortique la vie aux rayons X
j'ai X raisons de craindre la vie & ne veux plus être triste
j'dissèque les comportements dans un bain de vitriole
analyse vos assauts assertifs dont mon esprit subit le viol

au final le seul truc qui m'embête vraiment
c'est d'avoir toujours été sérieux comme un grand
là ou j'aurais dû fumer, boire, baiser à profusion
au final, le truc qui m'embête vraiment
c'est de vivre en étant conscient
que la futilité règne sur chaque parcelle de mon présent...


SEAN POIL (2007)

Aucun commentaire: