lundi 18 juin 2007

Et de deux!

Et revoilà notre Sean Poil, plus émouvant que jamais pour le number two.

Passer la nuit dans ton esprit

Il y a
Comme un brouillard tout autour
Une purée de poids qui donne à chaque lampadaire son abat-jour
Puis il y a moi
Au milieu
Indéchiffrable, coupé du contexte
Comme dans nos enfances de jeux joyeux, ignorant tout le reste

Il y a ma silhouette
Et les méandres de mes démons qui sourient
Et vous me reconnaissez soudain :
Nous nous sommes déjà croisés, dans une autre vie
Les souvenirs se fixent
Prennent de la consistance
Et le goût des baisers remonte à la surface
J’ai embrasé vos pensées des milliers de fois
Jusqu’à ne plus avoir de forces
Ne plus avoir de mots
Ne plus avoir de voix

Je suis ce clochard de la poésie
Doigts lacérés par le vent et la pluie
Doigts acérés enserrant le bic
Papier défiguré de ma solitude étalée, de tout ce bruit

Je suis l’ombre sur le pavé
Immobile au plus profond de la nuit
Couvant les prochaines lignes
À déverser dans les oreilles d’autrui

Je suis ce coin de rue humain
Qui s’accroche et persévère
Qui écrit chaque minute d’une vie,
Là où les autres poètes perdent leurs vers

Je longe les murs des cimetières
En sifflotant des comptines d’hier
J’ai, au fond, le besoin créateur
Et l’âme guerrière

Les murs des ruelles saturent
Des chansons des autres que je défigure
Les rues et coins sombres me connaissent bien
Je leur donne mes errances de chien
Passage rapide comme mes vers récités
Je suis un clochard de la poésie
& offre mes vers, en cendres dispersées…

Ce soir, je suis content de vous revoir
J’avais besoin d’une tête pour m’héberger
Me blottir au creux de vos idées noires

Je vais passer la nuit dans votre esprit
À chuchoter dans le lit de vos oreilles
Des comptines auxquelles je ne crois pas
Mais rassurantes et sans pareilles
Je serai un ruisseau de paroles apaisantes
Jusqu’au réveil

Ouais, je vais passer la nuit
À ramper dans vos pensées
Remonter aux racines de vos raisonnements
Courtiser votre sentiment d’abandon
Boire les larmes causées par l’absence des parents
J’vais débattre avec vos préjugés
Remettre à jour les jauges de ce en quoi vous croyiez
J’vais tenir chaud à vos souvenirs d’amis éteints
Dessiner des sourires dans votre boîte crânienne, dans chaque recoin
J’vais effacer les cicatrices de la vie chienne
Ce soir on va noyer vos peines dans les miennes

Alors n’ayez crainte
Ce n’est qu’une nuit dans votre tête comme une douce étreinte
Parce que
Depuis mon brouillard, je peux créer des fleurs
De l’amour et des papillons chasseurs de douleurs
Des forêts d’arbres étincelants, séduisants de senteurs
Peuplés d’êtres voltigeurs, incandescents de splendeur
Peurs et pleurs censurés pour quelques heures
D’un revers de ma main, je peux faire pousser aux branches des fruits en forme de cœurs
J’déposerai un parfum frais et sucré en suspension dans l’air
J’guiderai vos pas vers chaque recoin où se trouve le bonheur

J’vais juste passer la nuit dans votre esprit
À chuchoter dans le lit de vos oreilles
Des comptines auxquelles je ne crois pas
Mais rassurantes et sans pareilles
Je serai un ruisseau de paroles apaisantes
Jusqu’au réveil

Sean Poil (2007)

Aucun commentaire: