dimanche 30 novembre 2008

Soirée slam du 20/11/08 - Alain de l'Ombre -

HINA


Dans un hebdomadaire une photo
Et ton calvaire en quelque 500 mots

Tu avais quitté le Pakistan pour vivre à Brescia
Tu n’avais pas 20 ans, tu es morte à Brescia.
Pour ton exécution ils s’y sont mis à trois
Deux d’entre eux te bloquent jambes et bras
Le bourreau, serein, s’approche avec une lame
Un dernier regard peut-être il ignore tes larmes
D’un coup sec ton père tranche la carotide
Il se détourne et prie pendant que tu te vides.

Qu’avais-tu donc fait pour en arriver là ?
Cet acte innommable au nom de qui de quoi ?
Il t’avait pourtant charitablement prévenue Hina
Il ne fallait pas Hina il ne fallait pas
Il ne fallait pas t’habiller comme une putain
Mini jupes et t-shirts épousant la courbe de tes seins
Et ce nombril à l’air ces bijoux aux mille éclats
Tes paupières fardées qu’il ne supporte pas
Il ne fallait pas Hina, il ne fallait pas
Mais rien n’y fait tu te rebelles tu le provoques
Ton amour pour Beppe c’est pas du toc
Tu refuses le mariage arrangé avec un cousin
Parce que tu t’es amourachée de cet Italien
Ce mécréant prêt à divorcer pour s’enfuir avec toi
Tu as blasphémé Hina il ne te pardonnera pas

Il avait pourtant tout fait pour que tout aille bien
Tentant de te violer pour resserrer les liens
Pour t’apprendre à respecter l’autorité du patriarche
Pour qu’en cours de route tu ne rates pas une marche
Tu rêves, tu ris, tu désires, tu aimes, tu prends du plaisir
Il te sort de l’école, te cogne et t’interdit de sortir
Il voulait t’enfermer dans un monde parallèle
Tu t’es faufilée entre les barreaux de la cage, il t’a coupé les ailes
Cet homme de foi sans loi voulait que tu navigues tout voile dehors sur un océan de soumission
Cet homme de foi sans loi t’a condamnée et sacrifiée sur l’autel déjà ensanglanté des traditions
La justice d’un dieu guide les pas de ces hommes d’un autre âge
En t’égorgeant, il t’a punie pour tous tes outrages
Aurait-il agi de la sorte avec son fils ?
Non, cette violence là, seules les femmes la subissent
Aux côtés de tes assassins se tenait ta mère
J’ose à peine répéter les mots qu’elle profère
« Justice est faite, l’affront est lavé, elle ne méritait que ça »
Cette femme qui ta portée a consenti à cette fatwa
Pour eux, de la vie, tu escaladais le versant satanique

Désormais, comme tant d’autres, tu croupis dans une colonne de statistiques
Il ne fallait pas Hina il ne fallait pas

Dans un hebdomadaire une photo
Et ton calvaire qui fait froid dans le dos.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai eu des frissons en entendant ça...

Anonyme a dit…

Merci Olivier
quant à moi j'ai des frissons à chaque fois que je le déclame