samedi 12 mars 2011

Scène slam du 24/02 - M'sieur Dam

La soupe à la grimace

Y’en a qui parlent trop quand d’autres parlent peu
Y’en a qui parlent peu quand d’autres parlent d’eux
Des qui répondent à des questions qu’ils ont eux-mêmes posées
Qui savent TOUT mieux que tout le monde puisqu’ils ont déjà tout fait !
Des qui se répandent en fausses rumeurs
Des qui sentent bons même quand ils pètent
Car vu qu’ils pètent plus haut qu’leur cul
Il faudrait pas qu’ça compromette
Leur haleine fraîche d’idées reçues
Des qui vomissent leur petite vie
Qu’ils étudient au microscope
Avant de la j’ter, sans un faux pli sur un écran cinémascope
Des qu’ont jamais vu la mer
mais qui surfent sur leur connerie…
Des qui voudraient bien avoir l’air
Mais qu’ont pas l’air du tout !
Y’en a qui croivent détiendre la vérité
Avec un sérieux qui frise le ridicule
Qui parlent la langue de Molière
Et qui cherchent dans l’dictionnaire
Comment s’écrit « Schaqueuspahère » (Shakespeare)
To be or not to be un bouffon?
Certains devraient s’poser la question!
Des qui cultivent des refrains dans leur champ d’ignorance
Qui réfrènent des cultures derrière une arrogance…
Que même un coq sur son fumier aurait le tact de n’pas montrer
Y’en a qui font d’la POESIE
Des fois qu’personne s’rait au courant !
Les vraies terreurs des r’pas d’famille
Quand vient l’ennui après l’vin blanc
Des qui parlent d’eux dans des proportions qui forcent le respect
Faudrait qu’on invente une médaille
Qu’on épinglerait sur les langues trop bien pendues
Afin qu’elles pendent encore plus
Elles qu’elles s’épanchent impudiquement
Sur les pompes qu’elles inondent de leur écume triomphante !
Et ça s’égoutte et ça s’épanche et rien ne peut les arrêter !

Y’en a qui parlent trop quand d’autres parlent peu
Y’en a qui parlent peu quand d’autres parlent pour deux
Des qui « mot compte double » et ne passent jamais leur tour
Car leur connerie est un empire, soyez certains qu’il vaut l’détour !
Des qui belotent, rebelotent et dix de Der
et veulent en plus le cul d’la crémière
des qui 1,2,3 SOLEIL car quand le roi explique
on écoute et on s’émerveille !

Des qui ne voient pas à travers leurs fenêtres
Que des étoiles brillent dans nos campagnes
Et qu’elles ne tournent sûrement pas autour d’eux
Des qui n’ont que leur envie dans la bouche et qui la tartine
sans complexe et sans pudeur
sur vos oreilles dégoulinantes de les avoir trop écoutés.
Des qui aboient, qui balbutient, qui postillonnent et des qui crachent mais pas plus loin que ça

Et il y’en a qui parlent peu et qui écoutent et qui écoutent encore
avec un sourire au coin des lèvres
qui boivent les paroles
mais du bout des lèvres
en prenant bien garde de ne pas garder en bouche trop longtemps
la saveur de ces mots obsolètes et délavés
à force d’avoir été digérés trop souvent.
Des qui feignent de se pâmer devant l’étalage de connerie
distribuée au kilomètre carré
en se marrent bien dans leur barbe de la tête de gondole
qui brade sa vie non pas au plus offrant
mais au plus poli !

On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre, Messieurs Dames Non !
On met de l’eau dans son vin
Et puis le vin, on le verse au fond de son assiette
Qu’on remue délicatement
Pour que de la soupe à la grimace
Que suscite leur masque et leur costume
Pour que de la soupe à la grimace
Qu’on boit de guerre lasse avec amertume
Pour que de la soupe à la grimace
Il ne reste rien.
Pas même une miette

Mais il est tard et l’appétit me taraude depuis quelques temps déjà
Il me faut rentrer chez moi
Et balayer devant ma porte.
Je m’installerai à ma table
Puis je verserai dans mon assiette rongée par l’usage
MA soupe à la grimace
Elle sera brûlante comme à chaque fois
Alors je soufflerai puis j’y cracherai mon venin
Pour la refroidir de ma rancœur.
Puis j’avalerai avec entrain
en réprimant des hauts le cœur
pour que de cette soupe à la grimace
qui me déforme de l’intérieur
pour que de cette soupe à la grimace
il ne reste rien
sinon quelques miettes
au fond de ma gorge
et que je viens de vous livrer.

Mieux vaut ça que de s’étrangler !

Aucun commentaire: