mercredi 19 décembre 2012

Scène slam du 15/12/2012 - Tanguy R. Bitariho

Ramdam dans les collines.


Quand les oreilles bourdonnent ;
Ça cogne dans la poitrine ;
Ça cri, ça rend aphone ;
Et colle telle une résine.
Résignées sont les personnes ;
C’est dans leurs racines ;
Que tous ces bruits résonnent ;
Elles ont raison leurs comptines ;
De faire tant de ramdams ;
Par delà les collines ;
Dans le champ des montagnes ;
Des roses teintées d’épines ;
Pour tâter du Tam-Tam.
Mais le drame fait sa part belle ;
En amont, en aval ;
Les beaux mots, les scandales ;
On les scande à la pelle.
Les baumes ont à l’oral ;
Un effet surréel ;
De la langue aux surrénales ;
Parfois tant radical ;
Qu’une seule goutte de leur fiel ;
Fait parfois bien plus mal ;
Qu’un coup de couteau dans l’aile.
Souvent c’est le choc ;
Ça fait Bim et Bam !
C’est un coup d’estoque ;
Stocké dans le poitrail.
Les rails se disloquent ;
Dans les voix du mental.
La lame se dégaine ;
La haine se répand ;
Les blâmes s’enchaînent ;
Et les chaînes sont en sang ;
Quand d’une colline à l’autre ;
Se forme les rangs.
Nulle place pour les neutres ;
Au diable l’errant ;
Malheur à tous les pleutres ;
Qui voudraient faire sans.
Car les oreilles bourdonnent ;
Ça cogne dans la poitrine ;
Ça cri, ça rend aphone ;
Et colle telle une résine.
Résignées sont les personnes ;
C’est dans leurs racines ;
Que tous ces bruits résonnent ;
Elles ont raison leurs comptines.
Mais les armes font tatata ;
Et de la lame ont fait tâter.
Sauvez tonton et tata ;
Où ils périront sans douter.
Sachez messieurs, mesdames ;
Toute personne se dégomme.
Du petit là-bas qui dame ;
À la vieille matrone ;
L’ennemie n’est que quidam ;
Et la machette un métronome ;
Car le but de ce drame ;
Établir l’être aux normes.
Voilà c’est ça les gammes ;
Des gamins en uniformes ;
Voulant tout et tout de suite ;
Qui pensent Hutus et Tutsis ;
Comme n’étant pas les mêmes Hommes.
Alors adieu Karyenda ;
Adieu les Intambo ;
Ku’nduru y’ingoma ;
Batoye amasaso.
Umwami ntakiri ;
Abanyagihugu ;
Bamwe bararira;
Abapfuye ibito ;
Bakishinga ingwano.
Mais les oreilles bourdonnent ;
Cognent dans la poitrine.
Ça cri, ça rend aphone ;
Et colle telle une résine.
Résignées sont les personnes ;
C’est dans leurs racines ;
Que tous ces bruits résonnent ;
Elles ont raison leurs comptines.
À force de tatanes ;
Et de tonnes de larmes ;
Qui furent misent en sourdine ;
Même le son du Tam-Tam ;
Passant presque pour crime ;
Les cris étant son phare ;
À la vue d’un tambour ;
Parure en étendard ;
Il a pris le temps pour ;
Faire de ses mains tant d’art ;
Que dans les milles collines ;
Par delà les étoiles ;
Ce putain de riddim;
Rédime haine viscérale ;
Car ce râle c’est une hymne.
Le sectarisme est carcéral ;
En parler inutile ;
Autant donc faire un ramdam ;
Et vibrer sur le son des Tam-Tam.

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