lundi 19 octobre 2009

Soirée Slam du 08/10 - Les Frères Gilbert -

Le con

Effel:
Loin de moi l’idée de faire ici le procès des cons
Ca me ferait beaucoup trop de gens sur le dos
Mais constatons quand même
Qu’on ne compte plus les cons de compétition…

V:
Ouais, y a des gens y sont vraiment cons !

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Effel: Oh oui !
Il suffit qu’ils ouvrent la bouche pour s'en convaincre
Même si parfois, les gens changent
Regarde, toi quand t’étais jeune t’étais un p’tit con
Mais maintenant t’as bien grandi…

V:
Ouais, mais j’suis resté jeune dans ma tête !

Effel:
Oui... mais tu es devenu un bon concitoyen
Et tu travailles comme… consultant, non ?

V:
Ouais, l’autre jour, la SNCB m’a contacté
Y disent qu’en cas d’accident,
Y a plus de victimes dans le wagon de tête
Y m’demandaient c’qui fallait faire…
J’ai dit qu’y avait qu’à supprimer l’wagon d’tête !
C’est pas compliqué !

Effel:
Mais il n’y a pas que les consultants dans le monde du travail
Nous avons tous un confrère qui n’a pas son pareil
Pour raconter des trucs dont tout le monde se contrefiche

V:
T’as vu ? Thierry Henry il a raté un pénalty !
Le gardien y part à droite et lui y tire à droite
Il est con !
Moi, si le gardien part à droite je tire le péno à gauche
J’suis pas con !

Effel:
Vous avez aussi le consanguin
Celui qui fait partie de votre famille
Difficile de l’admettre mais
En cas de greffe d’organe vous seriez …
Compatibles

V:
Moi, j'donne mes organes à personne!
T’imagines? Tu reçois le cerveau de quelqu’un d’autre...
Tu sais pas de qui ça vient...
Ca se trouve il est con...

Effel:
A propos d’organe justement,
Tous les indices con…vergent
Les cons voyeurs d'aujourd'hui sont souvent les cons ploteurs de demain
Et ils sont malheureusement nombreux chez les confesseurs.

V:


Effel:
… Pas grave
Un qui a tout compris, par contre, c’est le consommateur averti,
celui qui connaît toutes les combines.

V:
Moi quand j’dois faire le plein d’essence
J'vais là où c'est le moins cher
En Finlande, c'est pour rien !

Effel:
Ne me dis pas que tu vas en Finlande pour…

V:
Et pourquoi pas? L'Europe c'est ça!
T’es raciste ? Moi j’suis pas raciste…
J'suis xénophobe.
Pour être raciste y faut être con !

Effel:
Mais au fait t’as réussi ton permis finalement?


V:
Ouais, j'l'ai eu! Et eux aussi j'les ai eus!
Mon permis, j'l'ai raté 6 fois.
Soi-disant que j’roulais à gauche
La 7ème fois, j'l'ai passé en Angleterre
J’lai eu tout de suite !

Effel:
Continuons, Continuons…
Le conjoint, en théorie, n’est pas con
Puisque c’est vous qui l’avez choisi
Par contre, l’entourage familial du conjoint, lui,
Vous est imposé.

V:
Et tu parles de qui ? A moi tu peux le dire, j’suis de ta famille maintenant !

Effel:
Je préfère ne pas citer de nom
On ne sait jamais…
Et puis peu importe.
De toute façon, on est toujours le con de quelqu’un.
Cela dit, j’en connais un qui est le con de tout le monde
Un Prix Nobel, une médaille d’or, le roi…
Le complet !

V:
Et j’le connais ?

Effel:
Toi, peut-être pas
Mais eux, sûrement…

Soirée Slam du 08/10 - Professeur V -

Quel plaisir de vous voir si nombreux pour le premier match officiel de la saison ! Le RSCM, Royal Slaming Club de Mons, peut être fier de ses fidèles supporters!

Permettez-moi de vous informer de quelques petits changements apportés à notre règlement pendant la trêve estivale. Alors, qu’est-ce qui va changer en 2009-2010 ?

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Tout d’abord, l’affaire a fait grand bruit et c’est officiel : les combinaisons en polyuréthane seront désormais interdites. Elles garantissaient certes du grand spectacle, mais la poésie doit rester un sport 100% naturel. Cependant, les victoires décrochées par des slameurs en combinaison la saison dernière restent acquises. Que les personnes concernées se rassurent, donc : vous vous êtes forcé à porter une combinaison toute l’année dernière, juste pour avoir le droit de la porter sur scène un jeudi par mois ? Eh bien vos efforts n’auront pas été vains : vous ne devrez pas rendre votre boîte de délicieux biscuits Belsy !

Autre suppression : les oreillettes ne sont plus admises pour les slams par équipe. Le peloton des slameurs a eu beau se mettre en grève, rien n’y a fait. L’USI, l’Union Slamiste Internationale a été intraitable : pas d’accessoire, c’est pas d’accessoire !

Nous avons aussi voulu resserrer la compétition : tout le monde devra désormais concourir avec le même texte. Et il sera aussi interdit de changer de poème entre le tour de qualification et la finale. Là encore, certains ont menacé de créer un championnat parallèle mais c’est Pilote, le grand patron de la S1, qui a eu le dernier mot.

Point central de la réforme : le champion ne sera plus désigné tout de suite ! Les points obtenus par chaque slameur lors de la première moitié de chaque scène seront divisés par deux, avec arrondi à l'inférieur si la division donne un résultat à décimale. À ces points, seront ajoutés ceux obtenus lors des playoffs organisés entre les 6 meilleurs slameurs. Plus clair et, nous l’espérons, beaucoup plus spectaculaire ! La Fédération espère en effet relever le niveau de notre championnat, qui en a bien besoin. Je vous rappelle qu’il y a 2 ans que notre équipe n’a plus atteint les demi-finales du Grand Slam National.

Comme nous voulons à tout prix rester une discipline propre, les contrôles vont aussi être renforcés : des échantillons de vos prestations seront prélevés, analysés, puis conservés pendant 5 ans. Eh oui, malheureusement, les plagiaires ont toujours 2 longueurs d’avance sur les contrôleurs…

Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler que le record du monde de vitesse a été pulvérisé cet été : 9 secondes 58 à battre, geste compris. Avis aux amateurs ! Quant aux plus courageux, sachez aussi qu’Alex détient toujours le record du slam le plus long avec son chrono légendaire de 8 minutes 28.

Enfin, nous insistons plus que jamais sur le fair play, tant sur la scène que dans les gradins. Nous demandons en particulier aux poètes liégeois de garder leur sang froid, car il est des gestes que l’on ne veut plus voir sur un terrain de slam. Nous serons donc intraitables : les peines pourront aller jusqu’à 8 semaines de suspension et 250 € d’amende. A la fin de la rencontre, afin d’éviter tout affrontement, nous demanderons aussi à tous les supporters de neil de regagner leurs autocars dans le calme, quel qu’ait été le résultat. Les 9 supportrices d’Alain de l’Ombre, quand à elles, seront priées de rester sagement assises à leur place pendant 20 minutes avant de repartir pour la capitale.

Au nom du comité enV.I.E.S. et du RSCM tout entier, je vous souhaite une excellente saison 2009-2010.

Soirée Slam du 08/10 - Alain de l'Ombre -

Doux dreamer

Je vis un vrai cauchemar : la nuit, je ne rêve plus
Ou si je rêve encore, je ne m’en souviens plus
Plus de rêves sous les constellations
Et comme maigre consolation
Je n’ai que mes rêvasseries éveillées

Mes rêves qui jouent les filles de l’air…
De leur prison dorée, je n’étais donc pas l’infaillible Cerbère
Vous penserez que je divague, que ça ne vaut pas un slam
Mais l’absence de rêves , même vagues, ça me brise l’âme

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Des études le montrent : un adulte, chaque nuit
Rêverait en moyenne pas moins d’1h1/2 !
Deux ans, vu mon espérance de vie !!!
Deux années qu’on me vole
Deux années d’ennui la nuit

Privé du droit d’être un génie,
Un héros adulé des foules
Privé d’exubérances, de folles démesures, de magnifiques extravagances
Privé de nourriture, pour mon âme, mes désirs
Privé d’inspiration, comment pourrais-je écrire
«Je l’ai rêvée si fort que les draps s’en souviennent » ?
Ou bien que Monsieur rêve… « rêve d’archipels
De vagues perpétuelles, sismiques et sensuelles » ?

Serait-ce une question d’âge, un problème de quota ?
Une visite surprise d’Alzheimer, déjà ?
J’ai cherché jusqu’à plus soif, mais en vain
Consulté l’œuvre de Jung, un oniromancien
Testé toutes sortes d’herbes, des hallucinogènes
Mais j’ai eu beau chercher, rien n’en valait la peine
Je suis un homme moderne et un jour, j’ai pigé
Je trouverais forcément mon bonheur sur Ebay

Mais la déception n’eut d’égale que mon espérance
Je n’ai rien déniché qui valait la dépense
Des rêves prémonitoires, oui, mais de seconde main
Des rêves de comptoir toujours sans lendemain
J’ai bien vu passer les rêveries d’un promeneur solitaire
Mais moi la solitude j’suis assez réfractaire

J’y ai même dégoté un songe d’une nuit d’été
Mais moi des rêves, j’en veux toute l’année !
Soudain, j’entrevis le rêve américain
Tout penaud, tout fripé, oublié dans un coin
La version Bush, bien sûr, invendable car en toc
Celle d’Obama, aussi, mais en rupture de stock
J’ai renoncé en découvrant cette pseudo bonne affaire:
3 cauchemars achetés, un rêve offert !

Alors j’ai revisionné tous les matches de la dream team
Et relu en boucle le discours du pasteur Luther King
Mais c’est ça le problème « I have not a fucking dream » !

Pourtant rêver, j’en rêve…
Déambuler à nouveau sur ma palette de doux dreamer
Strier mon lugubre sommeil de sublimes couleurs
J’ai eu une idée lumineuse mais j’ai besoin de vous
Cette semaine, Anne et moi organisons chez nous
Une rêve party ! Rêves……partis !
Après tout, c’est logique, les miens le sont aussi…
Surtout amenez un max de beaux rêves avec vous
Vos rêves caressés, brisés ou devenus réalités
Vos rêves d’enfant enfouis, vos rêves les plus fous
Ainsi peut-être que les miens sortiront de leur trou

Mais, dès ce soir, vous pouvez m’aider à concrétiser le dernier rêve dont je me souvienne
Je suis seul devant un micro, sur une scène
Je lis une poésie à un public nombreux
Regards émerveillés, silence religieux
Mon poème terminé, je m’éloigne de la scène
Et tout le monde m’applaudit debout, me criant des « On t’aime » !
Ivre, j’entends au loin une voix s’écrier :
« Et pour Alain de l’ombre, on a un dix , un dix , un dix , un dix et un dix »
...........
Ben quoi, on peut rêver, non ?

Soirée Slam du 08/10 - Cindya -

La grâce

Nous sommes peu ici-bas
A avoir le don de double vue
A voir le monde derrière le monde
A brasser la fange tiède
Dans l’espoir de l’extraordinaire
A chercher le miracle quotidien
Dans la lie des instants sans relief

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Partout
Tout le temps
Et sur un trottoir
On peut marcher à gauche, à droite, ou en équilibre sur la bordure
Et on peut conduire vite ou lentement
En regardant la cime des arbres
Ou bien rentrer directement
Au chaud dans sa maison Ikéa
Rempocher froidement sa monnaie
Ou regarder en face l'homme qui mendie et lui tendre une main qui non pas donne mais pour une fois questionne

Et voir la beauté du monde
Sous ses plaies
Ce n’est pas sans douleur
Mais ce n’est pas un choix

Et Thom Yorke sans son micro
Aurait l'air du premier clochard oui mais
Ce qui différencie la bête humaine
De L'ange
C’est le petit supplément d'âme
La grâce

Et voir la beauté des hommes
Sous leurs oripeaux
Ce n’est pas une évidence
Pour le plus grand nombre

Et tout ça c'est
Parce que la cataracte de l'ennui
Empêche de voir vraiment
Et ce qui différencie l'aveugle du clairvoyant
C'est le rai de conscience
Des mille beautés qui nous entourent
And Ricky with his camera was so right

Partout dans la
Symétrie inattendue de deux corps enlacés
L’harmonie éphémère d'une ville qui s'éteint
La synchronisation fugace des plus beaux mouvements du monde
Et même,
Parfois,
Dans le miroir
Les soirs où intérieur et extérieurs se ressemblent enfin
Ou peut-être est-ce juste l'intérieur qui transparaît

Regardez-les, eux
Leurs pieds ne touchent pas le sol
Ils évoluent dans des sphères lumineuses
Où nous ne les rejoindrons jamais
Et on peut
Se lever sur la pointe des pieds et agiter les bras et crier très fort
Et prétendre voler
Ou déposer les armes, s'asseoir, et se laisser toucher, sans haine ni rancoeur
Car il est des gloires qu'on ne jalouse pas
Des éclats qui ne blessent pas
Des forces qui ne brisent pas

Et on peut
Baisser le voile ou sa visière et prétendre ne voir
Que des lignes droites car elles sont plus faciles à admettre
Ou alors
On peut se dénuder une vie durant et, chercheur des beautés, souffrir mille fois pour un moment d'extase
Un seulement
Qui nous laissera vidé, lessivé, conscient de notre banalité
Mais reconnaissant pour le simple fait d'en avoir constaté l'existence

Fugace, éphémère, époustouflante
La catharsis
Le rayon vert
L’étoile filante
Chhhh...
Ouvrez les yeux
Faites un voeu.

Soirée Slam du 08/10 - Romaric -

Société

Que dire à ces gens
qui à leurs oreilles serait plaisant ?
Des banalités d’un bon vivant,
ou la morbidité d’un être errant ?
Comment puis-je leur plaire ?
Peut-être simplement me taire.
Je sais qu’il n’aime pas les langues amères
et qu’ici l’humour a une poigne de fer.
Pour autant, je n’ai pas envie de rire.
Je préfère des coups férir.

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Au Diable la complaisance !
Fi de la condescendance !
Je dirais ce que bon me plait
et tant pis si je déplais.
Après tout, pourquoi toujours s’esbaudir ?
Pourquoi ne pas aussi maudire ?
Mais je pourrais choquer leurs oreilles
et par là-même les sortir de leur veille.
Mais l’on n’aime guère le gout de la vérité
surtout si elle a la saveur du sang, trop épicé.
On la préfère mièvre, plutôt enrobée
sur lit d’excuses, bien enrubannée.
Mais que dire à ces gens
qui à leurs oreilles serait plaisant ?
Mon esprit n’est pas d’humeur
(l’a-t’il jamais été ?)
et ma plume n’est qu’aigreur
(pourrait-on la changer ?)
En fin de compte, le silence sera mon allié
Ami plus fidèle que mon encrier.

Soirée Slam du 08/10 - M'sieur Dam

L’appel du large

Peu à peu je perds pied…
Et ces grains de sable qui recouvrent nos amours
ont fini d’enterrer nos ébats.
Ils se dérobent sous mes pieds
à mesure que mes pensées s’éloignent de toi.

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Peu à peu je perds pied…
La tasse est si proche que j’en défaille.
J’avais jusqu’ici longtemps caboté,
côtoyé les longues berges et ses havres de paix,
jeté l’ancre dans des criques à l’abri des tempêtes,
conforté jusqu’ici mes certitudes
dans mes ersatz de liberté.
Libre ! Tel un lion dans sa cage dorée
si stupéfait de trouver un jour la porte grande ouverte
qu’il ose à peine imaginer les grands espaces
qui s’offrent devant lui
et de peur…
…se pétrifie

Peu à peu je perds pied

Et le vent vient de la terre
Et m’entraîne toujours vers ce large
avec ces souvenirs comme uniques bagages
des instants volés, envolés toutes voiles gonflées.
J’ai la nausée !
Et les vagues me claquent le dos,
et c’est à perte de ma vue que ta petite robe des champs
s’étale de tout son flanc de généreuses collines
et de vallées fertiles que parcourent mes doigts en de frêles esquisses.
Et du haut de mon séant je vois les sillons et les tranchées
qu’ondulent des reliefs si familiers.

Ce sont ces heures fragiles que j’aimais tant,
au fond de nulle part,
au-delà du temps,
dans un monde qui n’existe plus
puisque tu n’es plus là.

Je suis un homme de la terre et la mer t’a enlevée
Et déjà les sirènes chantent leurs promesses de liberté

Peu à peu je perds pied Peu à peu je perds pied
Peu à peu je perds pied Peu à peu je perds pied
Peu à peu je perds pied Peu à peu je perds pied

C’est au pied de ces lettres
que mon langage se noie dans l’écume,
les mots s’entrechoquent, se désarticulent,
se laissent aspirer et se déforment à tout vent.
Les vagues sont une machine à laver le cerveau
essorant sans relâche mes pensées.
Oublier les liens qui nous unissent
et recommencer

Mes récits sont des récifs sur lesquels je m’accroche
Les seuls vestiges que je m’accorde
Salutaires à bien des égards
Mais si dangereux quand se déchaînent les flots !
Je ne suis pas une coquille vide abandonnée là
mais une bouteille à la mer dérivant au hasard
messager d’un royaume qui prend l’eau de toute part.

Je n’ai plus qu’à rejoindre le large, me laisser porter
Et peut-être accoster des rivages, des rives sauvages
le long desquelles je trouverai d’autres havres de paix
Après tout, le soleil se lève sous toutes les latitudes, n’est-ce pas ?
A l’approche des ces terres nouvelles
Je draguerai ses fonds pour palper à nouveau le sable sous mes pieds
J’y accosterai, croyez-moi, je m’y échouerai de tout mon poids
Afin d’y voler en éclat et de propager jusque là
le message que je portais en moi :

« Rendre belles les choses rien qu’en les regardant »
« Prendre le parti de rendre la réalité plus belle
simplement en la regardant au fond des yeux
en la regardant au fond des yeux »

Peu à peu je perds pied
Peu à peu je perds pied
Peu à peu je perds pied
Peu à peu….
…..J’ai oublié