lundi 19 octobre 2009

Soirée Slam du 08/10 - Alain de l'Ombre -

Doux dreamer

Je vis un vrai cauchemar : la nuit, je ne rêve plus
Ou si je rêve encore, je ne m’en souviens plus
Plus de rêves sous les constellations
Et comme maigre consolation
Je n’ai que mes rêvasseries éveillées

Mes rêves qui jouent les filles de l’air…
De leur prison dorée, je n’étais donc pas l’infaillible Cerbère
Vous penserez que je divague, que ça ne vaut pas un slam
Mais l’absence de rêves , même vagues, ça me brise l’âme

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Des études le montrent : un adulte, chaque nuit
Rêverait en moyenne pas moins d’1h1/2 !
Deux ans, vu mon espérance de vie !!!
Deux années qu’on me vole
Deux années d’ennui la nuit

Privé du droit d’être un génie,
Un héros adulé des foules
Privé d’exubérances, de folles démesures, de magnifiques extravagances
Privé de nourriture, pour mon âme, mes désirs
Privé d’inspiration, comment pourrais-je écrire
«Je l’ai rêvée si fort que les draps s’en souviennent » ?
Ou bien que Monsieur rêve… « rêve d’archipels
De vagues perpétuelles, sismiques et sensuelles » ?

Serait-ce une question d’âge, un problème de quota ?
Une visite surprise d’Alzheimer, déjà ?
J’ai cherché jusqu’à plus soif, mais en vain
Consulté l’œuvre de Jung, un oniromancien
Testé toutes sortes d’herbes, des hallucinogènes
Mais j’ai eu beau chercher, rien n’en valait la peine
Je suis un homme moderne et un jour, j’ai pigé
Je trouverais forcément mon bonheur sur Ebay

Mais la déception n’eut d’égale que mon espérance
Je n’ai rien déniché qui valait la dépense
Des rêves prémonitoires, oui, mais de seconde main
Des rêves de comptoir toujours sans lendemain
J’ai bien vu passer les rêveries d’un promeneur solitaire
Mais moi la solitude j’suis assez réfractaire

J’y ai même dégoté un songe d’une nuit d’été
Mais moi des rêves, j’en veux toute l’année !
Soudain, j’entrevis le rêve américain
Tout penaud, tout fripé, oublié dans un coin
La version Bush, bien sûr, invendable car en toc
Celle d’Obama, aussi, mais en rupture de stock
J’ai renoncé en découvrant cette pseudo bonne affaire:
3 cauchemars achetés, un rêve offert !

Alors j’ai revisionné tous les matches de la dream team
Et relu en boucle le discours du pasteur Luther King
Mais c’est ça le problème « I have not a fucking dream » !

Pourtant rêver, j’en rêve…
Déambuler à nouveau sur ma palette de doux dreamer
Strier mon lugubre sommeil de sublimes couleurs
J’ai eu une idée lumineuse mais j’ai besoin de vous
Cette semaine, Anne et moi organisons chez nous
Une rêve party ! Rêves……partis !
Après tout, c’est logique, les miens le sont aussi…
Surtout amenez un max de beaux rêves avec vous
Vos rêves caressés, brisés ou devenus réalités
Vos rêves d’enfant enfouis, vos rêves les plus fous
Ainsi peut-être que les miens sortiront de leur trou

Mais, dès ce soir, vous pouvez m’aider à concrétiser le dernier rêve dont je me souvienne
Je suis seul devant un micro, sur une scène
Je lis une poésie à un public nombreux
Regards émerveillés, silence religieux
Mon poème terminé, je m’éloigne de la scène
Et tout le monde m’applaudit debout, me criant des « On t’aime » !
Ivre, j’entends au loin une voix s’écrier :
« Et pour Alain de l’ombre, on a un dix , un dix , un dix , un dix et un dix »
...........
Ben quoi, on peut rêver, non ?

1 commentaire:

Manu Reva a dit…

Ce texte me laisse rêveur