Nous allons vous raconter une histoire
Les enfants sont
Au fond du puits
Et les larmes é-
touffent leurs cris
Nos fantaisies héroïques tracées sur nos pupitres
Un agenda plein de petits dessins
Nous, nos lunettes, nos grosses cuisses et nos petits seins
Au premier rang de la classe,
Les petits cons coiffés comme papa
Complexes cachés sous de gros pulls démodés
Trop gentils avec tout le monde
Parce que les laids doivent trouver un autre moyen de se faire aimer
Alors nous donnions nos devoirs aux cancres
Ceux qui avaient enlevé les jupes des filles, connu leurs entre-jambes
Eux qui nous faisaient renifler en rigolant
La cyprine sur leurs doigts parfumés de notre ignorance
Nos sarbacanes bic à boulettes de papier mouillé
Nos rêves de comics américains
Noyés dans notre lâcheté trop concrète pour l'oublier
Les seringues devant les grilles de l'école
Les surveillants, la salle d'étude et les heures de colle
Les photos de magazines porno
Qui circulaient sous les tables et de cartable en cartable sous le préau
Comme les autres nous laissions tomber le solfège
Parce qu'être jeune et con, c'était mieux qu'accords et arpèges
Escapisme assisté par console de jeu
L’écran qui aliénait notre attention,
Tout ce temps perdu qu'il aurait fallu utiliser mieux
Les enfants sont
Au fond du puits
En surface les
Doigts moqueurs rient
Puis nous prenions le bus, près du chauffeur, à l'avant
Pendant qu’à l'arrière, les beaux-gosses tripotaient des seins consentants
Nous attendions des heures à la maison en faisant nos devoirs bien sagement
Puis la lune nous ramenait notre mère, après les intérims et les nettoyages de maisons
En weekend, papa nous achetait à coups de cadeaux
En la haïssant de ses mots au vitriole pour devenir notre héros
Il nous embobinait dans sa version des faits
Déversait son aversion que nous gobions faute de savoir penser
Il nous briefait, nous formait à la trahison
Parce qu’être adulte, c’est penser pognon, et ne pas payer la pension
Les enfants sont
Au fond du puits
Rêvent la nuit
Du sourire d’une fille
Impuissants depuis la distance
Nous observions les nuptiales danses
Les jolies filles encore fraîches, rêveuses et naïves
Se faisait briser par les mecs les plus habiles
Ceux qui avaient déjà l'habitude des mots qui manipulent
Ceux qui séduisaient, baisaient et détruisaient sans scrupules
Ceux qui faisaient offrandes de belles paroles et de sperme
Puis repartaient à l'aube avec les rêves morts
De princesses qui voulaient devenir reines
Nous restions le gosse du banc de touche
Le gros du vestiaire qui n’osait pas prendre de douche
Le dernier pris dans l’équipe de foot
Qui vivait le match par procuration
Celui qui courait derrière
Victime des petits-ponts humiliation
C'est amusant, on ne demande jamais aux enfants
On s'inquiète de l'impact du divorce des parents
Alors que c'est l'adolescence sournoise qui naturellement
Amène d'elle-même le plus traumatisant
Mais nous avons eu une belle enfance d’innocence
Inconscients d’être spectateurs de vies
Nous rions, les joues grasses, aux blagues de notre ignorance
Les enfants sont
Au fond du puits
Résonne l’écho
De leur souvenir
1 commentaire:
Salut Neilo
pour moi c'est ton plus beau texte
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