Il y a les choses qu'on retarde
Il y a les choses qu'on veut faire
dimanche 30 novembre 2008
Soirée slam du 20/11/08 - Cindyâ -
Soirée slam du 20/11/08 - Slamour -
Bonsoir tout le monde, je m'appelle SLAMour, je suis timide, mais je me slam
Dis donc, c'est qui tout ces gens qui m'observe?
C'est que disons, je vais pas dire que çà m'énerve,
Mais c'est juste qu'au fond,
Cà risque de me foutre grave la pression...
Attendez, que je vous explique ma situation.
Pour être honnête avec vous, cher public, vous êtes pour ainsi dire ma damnation.
Depuis ma plus tendre enfance, je suis timide.
Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, mais je suis timide.
Le fait qu'on m'observe me donne ce teint rougeaud.
D'ailleurs, je ne sais pas si c'est moi, mais je trouve qu'il fait chaud !
Vous savez, c'est délicat d'être dans ma position,
Mais bon, j'affronte cette foule, j'dois m'y faire une raison.
Mon psy n'arrête pas de me dire, que dans le fond,
La meilleure façon de guérir, c'est de passer à l'action.
C'est moi où il fait vraiment chaud?
Vous savez, je vous ai pas tout avoué
Il faut que j'ose vous en parler.
En fait, je souffre, je résiste,
Car derrière ma timidité, ne se cache pas qu'un pianiste.
Il fait drôlement chaud ici, vous ne trouvez pas?
Oui, je vous l'avoue, mon psy est formel,
Je suis son premier cas, par delà l'Eternel.
Je suis le premier ... timide... exhibitionniste !
Pourtant, je vous avez laissé quelques pistes.
Et vous au lieu de m'aider, bande d'égoïstes,
Vous me laissez sombrer dans mon vice.
Sérieux c'est moi, où il fait vraiment chaud?
Soirée slam du 20/11/08 - Oliv' -
Des panneaux, des annonces, des posters...
Affiche-moi.
Des 4-4, des bagnoles, des scooters...
Achète-moi.
Des cosmétiques de luxe meurtrières...
Consomme-moi.
On n'a pas fini d'polluer l'air...
Etouffe-toi !
J'sais qu'ma meuf veut pas être mère...
Et pourquoi ?
Plus on consomme, plus y'a d'misère...
T'étonnes pas...
Demain, on oubliera nos pairs...
Pense à toi.
Seul réconfort : ton bac de bière...
Mais dis-moi... ?
J't'ai d'ja parlé d'la guerre ?
Soirée slam du 20/11/08 - Alain de l'Ombre -
HINA
Dans un hebdomadaire une photo
Et ton calvaire en quelque 500 mots
Tu n’avais pas 20 ans, tu es morte à Brescia.
Pour ton exécution ils s’y sont mis à trois
Deux d’entre eux te bloquent jambes et bras
Le bourreau, serein, s’approche avec une lame
Un dernier regard peut-être il ignore tes larmes
D’un coup sec ton père tranche la carotide
Il se détourne et prie pendant que tu te vides.
Qu’avais-tu donc fait pour en arriver là ?
Cet acte innommable au nom de qui de quoi ?
Il t’avait pourtant charitablement prévenue Hina
Il ne fallait pas Hina il ne fallait pas
Il ne fallait pas t’habiller comme une putain
Mini jupes et t-shirts épousant la courbe de tes seins
Et ce nombril à l’air ces bijoux aux mille éclats
Tes paupières fardées qu’il ne supporte pas
Il ne fallait pas Hina, il ne fallait pas
Mais rien n’y fait tu te rebelles tu le provoques
Ton amour pour Beppe c’est pas du toc
Tu refuses le mariage arrangé avec un cousin
Parce que tu t’es amourachée de cet Italien
Ce mécréant prêt à divorcer pour s’enfuir avec toi
Tu as blasphémé Hina il ne te pardonnera pas
Il avait pourtant tout fait pour que tout aille bien
Tentant de te violer pour resserrer les liens
Pour t’apprendre à respecter l’autorité du patriarche
Pour qu’en cours de route tu ne rates pas une marche
Tu rêves, tu ris, tu désires, tu aimes, tu prends du plaisir
Il te sort de l’école, te cogne et t’interdit de sortir
Il voulait t’enfermer dans un monde parallèle
Tu t’es faufilée entre les barreaux de la cage, il t’a coupé les ailes
Cet homme de foi sans loi voulait que tu navigues tout voile dehors sur un océan de soumission
Cet homme de foi sans loi t’a condamnée et sacrifiée sur l’autel déjà ensanglanté des traditions
La justice d’un dieu guide les pas de ces hommes d’un autre âge
En t’égorgeant, il t’a punie pour tous tes outrages
Aurait-il agi de la sorte avec son fils ?
Non, cette violence là, seules les femmes la subissent
Aux côtés de tes assassins se tenait ta mère
J’ose à peine répéter les mots qu’elle profère
« Justice est faite, l’affront est lavé, elle ne méritait que ça »
Cette femme qui ta portée a consenti à cette fatwa
Pour eux, de la vie, tu escaladais le versant satanique
Désormais, comme tant d’autres, tu croupis dans une colonne de statistiques
Il ne fallait pas Hina il ne fallait pas
Dans un hebdomadaire une photo
Et ton calvaire qui fait froid dans le dos.
samedi 29 novembre 2008
Soirée slam du 20/11/08 - Rachel Marachel -
Les lèvres
Pleins d'histoires
Dans ma mémoire
A peine révélées déjà abandonnées
Chuchotées par des lèvres étrangères
Car j'aime observer les lèvres.
Dans mon silence,
Lorsque les voix qui s'en échappent
Rebondissent sur moi,
Me carressent la peau
Ou me déchirent les yeux.
Que les mots modèlent
Comme la mer et le ressac marquent
Monts et falaises.
Je connais bien ces lèvres là
Tendres et parcourues de ridules
Derrière lesquelles sommeille certainement
Le coeur d'une mère.
J'en ai vu aussi
Qui derrière une moustache
Cachent leur faiblesse,
Lèvres faussement bourrues.
Qui, sous un rose lisse et hautain disparaissent,
Montrant déjà l'angoisse
Que la jeunesse d'elles ne se lasse...
Mais les pires ce sont les lèvres clouées,
Qu'un coeur trop étriqué entrave,
Ces lèvres serpent qui ne savent que siffler
Et se saoûler de leur solitude.
Elles sont sourdes et aveugles
Aux lèvres qui sourient
Qui laissent lorsqu'elles se plissent
Entrevoir aux commissures un coin de ciel blanc.
Toutes ces histoires je les retiens,
Instantanées que j'épingle
Sur le tableau de mes souvenirs.
J'ai appris à lire sur les lèvres.
Ce qu'elles n'oseront jamais dire
J'ai appris à écouter leurs histoires
Du bout de mon regard.
Dans mon silence elles s'épanchent,
Dans mon infirmité elles trouvent
Leur meilleur exutoire.
Car mon silence scelle leur secret
Son sans nom, sceau sans cire,
Sourire sans son,
Sagesse qui sait et se tait.
Mais mes lèvres aphones, elles
Ne diront pas leur histoire,
Mes tympans scellés, eux
N'entendrons pas mes cris.
Personne jamais ne lira sur mes lèvres
Le poids de mon âme,
Personne jamais ne devinera,
Les mots qui de ma gorge sont prisonniers.
Même pas ces lèvres que je croise tous les matins,
Et que je scrute sans relache.
Elles semblent douces comme un pétale,
Et parfois elles lèvent à peine le voile
Sur leur histoire en esquissant l'ombre d'un sourire;
Mais elles portent un monde
Qu'elles protègent jalousement
Une terre promise à laquelle je n'ai droit
Car je ne peux prononcer les mots magiques
Qui les feraient s'entrouvrir.
Le silence qui m'encercle
Est à la fois cocon et prison,
Une chrysalide pour enfermer un papillon
Dont on ne verra jamais la couleur des ailes.
Je reste là, je regarde toutes ces lèvres
Qui s'éloignent dans un ballet silencieux,
Et je ravale mes secrets au goût salé,
Je ravale mon histoire dans ma bouche à jamais scellée.
Puis je me fend d'un sourire généreux qui, je l'espère
Dévoilera un peu de moi à un regard qui le croiserait.
Soirée slam du 20/11/08 - Professeur V -
Zorro il a des lunettes noires
Z’suis pas un ourz, z’suis un lion
Maman, z’est ma femme, hein papa ?
Mon rêve, fonfier dans mon camion
Z’veux zamais êt’ vieux comme papy
Plus tard ze z’rai pape, tu vas voir !
Mon rêve, z’est d’épouzer Luzie
Avant les Zorro, ça me les pèle
C’est pas sa barbe, Saint-Nicolas
Mamy, j’sais qu’elle est pas au ciel
Avant les j’crois pas à l’amour
J’sais pas c’que j’veux faire de ma vie
Lucie c’est pas un vraie amie
Trois ans ad vitam aeternam
A jamais petit, si seulement
Gamin gamine, pas homme et femme
Ligne après ligne rêver sa vie
Un jour Zorro, le lendemain pape
Une vie d’amour avec Lucie
Mais l’monde, ils le voient tel qu’il est
Ils rêvent leur vie sans trop y croire
Essaient juste de vivre et d’aimer
Les poètes ont des lunettes noires
Leur rêve, ne jamais être grand
Leur rêve, ne jamais devoir dire
Un slam sur les mots d’enfants